Le guide des alliés — version étudiant
Les femmes en science ont été la cible d’attaques particulièrement violente dans les réseaux sociaux récemment (1). Vous pensez que c’est peut-être sans conséquence, ce qui se passe sur Twitter. Mais les gens qui osent s’exprimer derrière l’anonymité du web sont parmi nous, dans la vie de tous les jours. Comment agir face à des comportements révoltants ou tout simplement face au sexisme ordinaire dans le milieu scientifique ? Il y a des moyens d’être un meilleur allié des femmes et des minorités en science. Je vous suggère quelques pistes d’actions (2).
1. Éduquez-vous
Récemment, un scientifique écrivait sur Twitter que les gens qui demandaient à se faire appeler docteur étaient habituellement des cons (3). Pour cet homme blanc dont le statut de docteur est respecté, celui qui insiste sur le titre est probablement un snob. Est-ce que la femme noire ou d’origine latine qui se fait prendre pour la concierge est snob d’insister sur son titre professionnel ? Je ne cite pas ce scientifique pour une raison simple : il a appris depuis et s’est excusé. Mais s’il avait fait ses devoirs, il ne se serait pas trouvé dans l’eau chaude.
Vous avez déjà entendu la phrase « Nul n’est censé ignorer la loi » : c’est de votre responsabilité de connaître les lois et règlements du lieu où vous vivez. De la même façon, je crois qu’il est de votre responsabilité de vous renseigner sur les difficultés que peuvent rencontrer les minorités dans le milieu académique. L’information abonde à ce sujet sur des blogues, sur des journaux traditionnels et même dans des articles scientifiques.
2. Évaluez vos préjugés et vos privilèges
Face à ce que vous avez appris à l’étape 1, quels préjugés entretenez-vous ? Quels privilèges possédez-vous face à d’autres ? Je crois que devenir conscient des préjugés qu’on entretient est une des premières étapes vers traiter plus également les gens qu’on côtoie. À ce sujet, vous pouvez vous tester (lien en français !). Et si vous voulez comprendre un peu mieux les privilèges que vous possédez, j’aime beaucoup le vidéo des Brutes.
3. Ne laissez pas passer le sexisme/racisme ordinaire.
C’est probablement une des actions les plus difficiles à faire, parce qu’on ne se trouve pas toujours dans une position où l’on peut agir. Un étudiant peut difficilement dire à son directeur que tel commentaire est offensant ou démontre des préjugés (4). Si vous êtes dans une situation où vous pouvez parler, c’est possible de le faire poliment et voici une excellente liste de suggestions.
Rappelez-vous aussi que vous n’êtes pas dans un film. Si vous laissez passer le moment d’agir, vous pouvez vous reprendre, peut-être en privé, avec la personne qui a exprimé des propos déplacés.
Je tiens à signaler que je suis loin d'être une personne parfaite. J'ai entretenu des préjugés et dis des choses que je ne redirais plus maintenant. Je crois que l'important, c'est de s'améliorer et de nous corriger, pas de ressasser ce qu'on aurait donc du faire...
(1) Je ne répéterai pas aujourd’hui les horreurs que j’ai lues.
(2) Je n’oublie pas mon billet sur l’utilisation de boussole, qui est toujours à venir ! De plus, je n’ai pas récemment de références à vous donner pour les conseils aujourd’hui. Ils viennent plutôt de discussion Twitter, de blogues lus… Si vous avez de bonnes références à suggérer, c’est le temps !
(3) Traduction que m’a suggéré internet pour jerk. Je ne suis pas tout à fait satisfaite parce que con, c’est une insulte dont l’origine est hautement sexiste…
(4) Ne vous inquiétez pas, chers chercheurs, je pense à vous pour un prochain billet.