Comment trouver un projet de recherche?

Publié originalement le 4 décembre 2014

Mise en contexte : je suis présidente du Chapitre Étudiant de la Wildlife Society de l’Université Laval. Notre association, qui réunit des étudiants intéressés par la gestion et conservation, a tenu un 5 à 7 la semaine passée (restez avec moi, c’est pertinent). Sous l’influence d’étudiants motivés et d’une belle pinte de bière, j’ai accepté de faire une formation pour les gens de premier cycle sur comment trouver une maitrise. Tant qu’à préparer une formation là-dessus, autant transformer le tout en billet de blogue!

Il faut que je l’avoue, je suis un peu mal à l’aise avec le titre de cette formation. Trouver un projet de recherche dépend énormément du domaine, du pays et c’est une expérience différente pour tout le monde. Je ne possède pas la vérité absolue et mes conseils seront particulièrement valables pour les gens qui recherchent une maitrise ou un doctorat au Québec en Biologie. Tout de même, tentons de dégager certains faits en regardant différents parcours suivis par de réels étudiants. Je ne les nommerai pas, mais sachez que je base mon texte sur l’expérience de plusieurs collègues et amis.

Dans mon cas, j’ai été assistante de terrain pour une chaire de recherche en 2008. Un des chercheurs de cette chaire est spécialisé en relation plante-herbivore, un sujet qui m’intéressait à cause de ce premier emploi. Je suis allée discuter avec lui de projets de maitrises possibles. Il avait un projet de prévu et j’ai été choisie. Bref, j’avais une expérience en recherche de base, on avait déjà été en contact et en plus, j’avais le potentiel pour recevoir une bourse. J’appelle cette façon de trouver un projet la voie dorée. C’est la voie facile que peuvent se permettre les étudiants « boursables ». Ces étudiants ont plus de choix et dans certains cas, ils peuvent même créer un projet avec un professeur. La vie est facile pour eux, mais ils peuvent tomber dans le piège d’accepter le premier projet qui passe, sans réfléchir à leur intérêt pour le sujet et à leur qualité de vie dans ce laboratoire.

Pour les étudiants qui sont dans la moyenne et qui n’ont pas nécessairement la possibilité d’obtenir une bourse, la voie classique consiste à lancer plusieurs courriels à des chercheurs dont le domaine les intéresse. À la suite d’entrevues avec ces chercheurs et selon la disponibilité de projets de recherche avec financement, ces étudiants trouveront probablement un projet. En biologie (1), un projet de recherche sans bourse est pratiquement impossible à réaliser. Vous ne pouvez travailler et faire une maitrise et un doctorat dans un temps raisonnable…à moins d’être hyperactif/épuisé.

Finalement, certains étudiants n’ont pas un dossier scolaire reluisant. Peu importe la raison, les bonnes notes n’étaient pas au rendez-vous et cela rebute plusieurs chercheurs. J’ai un profond respect pour les étudiants qui ont ce parcours. Leur voie vers un projet de recherche requiert beaucoup de volonté. Ils devront multiplier les expériences pertinentes en recherche (terrain, laboratoire), soigner leur réseau de contacts, contacter de multiples professeurs et les relancer fréquemment. Je connais plusieurs étudiants qui ont eu ce parcours et qui ont réussi à trouver une maitrise qui leur convient.

Terminons par quelques conseils généraux :

  • Cultivez les expériences en recherche : emploi de laboratoire, auxiliaire de terrain. Certaines universités offrent des cours d’initiation à la recherche. Vous pouvez aussi vous impliquer dans des organismes pertinents qui vous donneront une meilleure expérience dans votre domaine. Souvent, ces emplois rapportent moins d’argent, mais ils vous permettront peut-être d’avoir la carrière de vos rêves.
  • Créer votre réseau de contacts : parlez à des étudiants aux cycles supérieurs, faites du bénévolat dans des congrès pertinent, entrez en contact avec des chercheurs! Beaucoup de projets ne seront jamais affichés et le bouche-à-oreille peut vous aider.
  • Pourquoi voulez-vous faire une maitrise? Est-ce que la maitrise est réellement la seule façon d’obtenir l’emploi de vos rêves? Allez-vous être heureux dans ce milieu? Faites un peu de ménage dans vos objectifs avant de commencer le processus.

Il y a autant de parcours universitaires que d’étudiants et il me semble que c'est très encourageant !

« Les chanceux sont ceux qui arrivent à tout… Les malchanceux sont ceux à qui tout arrive. »

— Eugène Labiche

(1) Je crois pouvoir étendre cette affirmation aux sciences pures et naturelles…

OpenCon 2014 : mes impressions

Publié originalement le 20 novembre 2014

Et voilà, OpenCon 2014 est terminé. Et c'était une conférence exceptionnelle sur plusieurs plans. Je travaille présentement à créer un Prezi en anglais qui résumera les connaissances que j’ai acquises. J’écris également un article que je proposerai prochainement à Impact Campus, avec un résumé plus objectif de mon expérience (1). Par ce billet, j'aimerais plutôt vous ramener tout l'enthousiasme que cette conférence a créé chez moi.

Si vous n'avez qu'une seule chose à retenir de ce que je vais vous communiquer, c'est que la progression vers la science ouverte (open access, data et éducation) est inévitable. De plus, ce n'est pas un concept du futur, le phénomène est en cours. Est-ce que j'ai été absorbée par la secte de la science ouverte durant mon séjour? Probablement. Mais plus que les excellentes conférences auxquelles j'ai assisté, ce sont les rencontres avec les cabinets des sénateurs et officiels gouvernementaux qui m'ont convaincue de l'inévitabilité de la chose. Des lois ont été et seront votées en faveur de l'accès à la science. Comme l'a si bien dit le représentant de Open Access Nigeria:

"Open access wins all of the arguments all of the time" -Ahmed Ogunlaja, Open Access Nigeria, #opencon2014

— Travis Korte (@traviskorte) 16 Novembre 2014

Les décideurs voient le bon sens dans la science ouverte. Mon message serait donc de joindre le mouvement. Pourquoi faire partie de l'arrière-garde alors que vous pourriez être un précurseur?  Surtout qu'il y a des avantages immédiats à partager votre recherche (2).

Est-ce que j'ai changé d'opinion concernant le libre accès aux données? Oui et non. Oui, parce que je veux publier mes données si mes coauteurs le permettent. Je crois que cette avancée est en faveur de la science et non des intérêts personnels des chercheurs. Non, dans le sens que je comprends toujours ceux qui hésitent à le faire. Les arguments annoncés par certains présentateurs ne m'ont pas tous convaincue. La peur de se faire voler ses idées reste, mais elle est surpassée par le désir de l’avancement général dans mon domaine.

Et maintenant, que vais-je faire?

1. J'aimerais publier un preprint de mon prochain article, soit une version prérévision par les pairs, sur PeerJ preprint ou sur bioRxiv (3). Un accès plus rapide à ma recherche pour tous avec la possibilité d'avoir des commentaires constructifs. La majorité des journaux acceptent les articles ayant été publiés en preprint, mais on peut toujours vérifier sur sherpa-romeo (4) si c'est bien le cas.

2. Sans prendre un serment de type Open Science (5), je veux publier de façon à ce que mes articles soient soit en libre d’accès ou que je puisse les archiver sans problème.

3. Je promets de bloguer en français et en anglais sur mes articles. D'ailleurs, je peux même le faire pour ceux déjà publiés! Ma recherche sera donc plus accessible, plus rapidement.

4. Avec mes nouveaux contacts OpenCon, nous prévoyons créer une plateforme canadienne pour fournir de l’information canadienne sur le libre accès.

Un petit mot de conclusion sur la qualité de l’évènement. L’organisation avait prévu pratiquement tous les petits problèmes et détails. Les participants étaient engagés et ouverts aux rencontres. La conversation se poursuivait en parallèle sur Twitter, ce qui a permis beaucoup plus d’interactions et la génération de nombreuses idées. Très encourageant pour OpenCon 2015!

(1) Lien à venir!

(2) Plus de visibilité pour votre recherche, plus de citations pour vos articles. Je vous conseille de visionner le webcast Open Access 101 pour vous informer plus à ce sujet : http://vimeo.com/6973160. Vous pouvez également consulter mon précédent billet sur le sujet pour vous informer sur la science libre!

(3) https://peerj.com/about/preprints/what-is-a-preprint/, http://biorxiv.org/

(4) http://www.sherpa.ac.uk/romeo/

(5) Vous pouvez entendre Erin McKiernan parler de son serment en tant que jeune chercheuse dans cet entrevue pour @TheOKCast : http://okcast.org/2014/11/opencon-2014-erin-mckiernan-the-open-access-pledge/

Le libre accès en science : quelques faits et opinions

Publié originalement le 12 novembre 2014

Je l’ai annoncé il y a quelque temps, j’ai obtenu une bourse de la bibliothèque de l’Université Laval (merci) pour me rendre à OpenCon 2014 (1). Qu’est-ce qu’OpenCon 2014? Une conférence pour les étudiants et les chercheurs en début de carrière sur le libre accès en science (articles, données et éducation). Grâce aux webcasts OpenCon (2), j’ai déjà appris plusieurs choses sur le sujet. Voici un résumé pour vous éviter d’écouter ces webcasts (3) et mes préoccupations concernant le libre accès. Ça nous permettra de suivre l’évolution de mes idées! Je dois tout de même vous prévenir que je suis très favorable au libre accès, même avant d’assister à la conférence.

Qu’est-ce qu’on entend par libre accès? C’est l’accès gratuit immédiatement après publication avec le droit de réutilisation des articles, des livres scolaires et des données. Un commentaire ici : je n’avais jamais pris connaissance du côté réutilisation. Lorsqu’on applique le libre accès à l’éducation (livre scolaire) ou aux données, ça semble évident. Mais ça s’applique également aux articles scientifiques, notamment lorsqu’on veut extraire de l’information via des systèmes informatiques, comme Watson, cet ordinateur capable de répondre à des questions posées en langage commun (4).

Le libre accès est un mouvement en opposition avec la marchandisation de la production scientifique. Des organismes financent la recherche. Les chercheurs transforment cet argent en données et en articles scientifiques. Ces articles scientifiques sont donnés à des entreprises pour publication. Ces entreprises vendent les articles aux bibliothèques, universités et chercheurs. On achète avec des fonds publics la science produite avec des fonds publics.

Pour plusieurs, la solution est de publier dans des journaux de type libre accès, comme la série des PLOS. Certains facturent alors des frais aux auteurs pour publier l’article, mais les chercheurs de partout dans le monde y ont accès, ce qui peut augmenter la visibilité de sa recherche. Une autre solution est d’archiver ses articles (certaines universités et certains groupes de recherches ont des sites pour ça, 5). Le problème actuel est que beaucoup d’auteurs ne le feront pas tant qu’ils ne seront pas forcés :

What do we want: Open access. When do we want it: Immediately following forthcoming granting agency policy changes to require it.

— Shit Academics Say (@AcademicsSay) 11 Novembre 2014

Selon les tenants du libre accès, en changeant les politiques des universités et des organismes de financement, on inciterait les chercheurs à rendre leur recherche accessible.

La libre éducation vise à ce que les étudiants obtiennent les textes de références nécessaires à leurs études et à ce qu’ils conservent ces textes et puissent les partager. Cela concerne également la possibilité d’accéder à des cours gratuits en ligne. Dans ce webcast, le présentateur indiquait que s’attaquer aux frais de scolarité était trop politique et que le matériel scolaire était très cher. Personnellement, ça ne reflète pas mon expérience. Mes professeurs au baccalauréat ont peu utilisé de livres et je n’ai jamais dépensé plus de 500 $ en matériel pour une session (et ça, c’est le maximum!). Malgré ses résultats mitigés, l’expérience québécoise me dit qu’on peut s’attaquer aux frais de scolarité (6).

Finalement, le libre accès aux données. Par libre accès aux données, on entend de rendre accessible et réutilisable ses données après publication. Comme ça, d’autres chercheurs peuvent réanalyser vos données, les ajouter à d’autres, bref, faire avancer la science. Bien entendu, on exclut de ce partage des données sensibles, par exemple des données sur la distribution d’espèces en danger qui pourraient être braconné. Ce qui semble évident en génétique semble causer plus de remous pour les écologistes comme moi. Je suis en accord avec le concept, mais quand je pense à mes collègues qui réutilisent les bases de données dont certains résultats ont été publiés, j’ai peur. Imaginez commencer un doctorat avec 20 ans de données de colliers satellites sur des animaux et être scoopé par des chercheurs ailleurs dans le monde, avec vos propres données! Je vais donc à OpenCon en grande partie pour en apprendre plus sur le libre accès aux données.

Le résumé que je viens de vous faire est très rapide. Vous pouvez m’adresser vos questions sur ces thématiques via les commentaires ci-dessous ou sur @MissEmilieC. Je serai également active sur Twitter durant mon expérience OpenCon !

J’ai traduit librement certains termes de l’anglais pour ce billet. Pas facile d’écrire en français !

(1) http://www.opencon2014.org/

(2) https://www.youtube.com/watch?v=5YwASIziPIQ, https://www.youtube.com/watch?v=5Dauh_PeAzI, https://www.youtube.com/watch?v=6UUDhVGd8uA

(3) Les webcast sont d’une bonne qualité avec des gens intéressants et je vous les conseille. Mais 4 heures…c’est long !

(4) http://en.wikipedia.org/wiki/Watson_%28computer%29

(5) Vous pouvez consulter les règles d’archivages en fonction du journal où l’article est publié sur ce site : http://www.sherpa.ac.uk/romeo/

(6) http://fr.wikipedia.org/wiki/Gr%C3%A8ve_%C3%A9tudiante_qu%C3%A9b%C3%A9coise_de_2012

J'ai mon profil Research Gate plogué sur mon Twitter, pis celui de Twitter plogué dans Academia (1)

Publié originalement le 30 octobre 2014

Vous procrastinez probablement fréquemment sur Facebook, mais si je vous disais que vous pourriez conjuguer réseaux sociaux et activités académiques, que diriez-vous? Votre attention est captée? Le billet de cette semaine parlera d’outils sociaux scientifiques et sera fortement inspiré de celui-ci [1], écrit par le Prof Patrick Dunleavy et par mon expérience personnelle.

Pour un chercheur, l’utilité d’avoir une présence virtuelle est évidente : diffuser ses résultats au plus grand nombre possible [1]. Quand j’en parle à mes collègues étudiants à la maitrise/doctorat, j’obtiens souvent la réponse suivante : « Mais, je n’ai rien publié encore! » OK. Mais vous voulez qu’on parle de votre projet non? C’est tout l’intérêt de la science, diffuser les résultats. En bâtissant un réseau virtuel, vous pourriez attirer de nouvelles collaborations, créer des contacts avec d’autres étudiants ou des chercheurs. Éventuellement, ce réseau pourrait vous servir à trouver un doctorat ou un postdoctorat. Donc, arrêtez de me servir vos fausses excuses!

Personnellement, j’utilise Research Gate (2). Je m’y suis créé un profil qui regroupe publications, champs d’intérêt, projets actuels. Beaucoup de biologistes l’utilisent, ce qui augmente sa pertinence pour moi. En plus, on obtient un genre de cote et c’est donc très attirant pour tous les scientifiques qui ont un côté gamer. On peut poser et répondre à des questions, mais franchement, ce système est mal géré. Les questions posées sont souvent de l’identification à partir de photos ou de la recherche d’article pour quelqu’un d’autre. Euh, cessez cette paresse intellectuelle! Par contre, on peut demander aux auteurs l’accès à leurs articles et suivre leurs nouvelles publications. Pratique! J’ai également un profil Academia (3), mais je n’utilise plus le site… principalement par manque de popularité. Academia, c’est le Google+ des réseaux sociaux scientifiques (Désolée). C’est quand même pratique d’avoir un profil, car Academia me prévient si des gens me cherchent sur Google. Ça peut sembler inutile, mais si vous venez d’envoyer un courriel à un chercheur et que dans la journée suivante on vous cherche sur Google, ça vous donne une vague indication que votre courriel a été lu. Comme toute la planète qui travaille ou presque, j’ai mon profil LinkedIn (4). Ce ne sera pas le jour où je me chercherai un job qu’il sera temps de me créer un réseau de contacts!

Si vous êtes un scientifique publié (ou avec un mémoire de maitrise ou une thèse), vous pouvez également créer un profil sur Google Scholar. Google Scholar vous suggèrera même de nouvelles publications à lire. Dans la même ligne, Mendeley dont j’ai parlé dans mon billet sur les logiciels de référence bibliographique est aussi un réseau d’échange. Par contre, bien que je connais des gens qui utilisent Mendeley, aucun ne semble l’utiliser comme réseau social.

Ça en fait beaucoup, je sais, mais la plupart ne demandent que peu de temps à créer et ne vous oblige aucunement à une consultation journalière ou hebdomadaire. Et honnêtement, si vous avez un profil sur chacun de ces sites, vous serez numéro 1 parmi vos homonymes la prochaine fois que vous vous googlerez.

(1) Titre inspiré des paroles de Serge Fiori, dans la chanson Le monde est virtuel

(2) https://www.researchgate.net/application.Login.html

(3) http://www.academia.edu/

(4) https://www.linkedin.com/nhome/

[1] Dunleavy, P. 2014. Are you an academic hermit? Consulté en Octobre 2014, https://medium.com/advice-and-help-in-authoring-a-phd-or-non-fiction/are-you-an-academic-hermit-6d7ae5a0f16a

Stop ou encore: quand arrêter de peaufiner un manuscrit?

Publié originalement le 16 octobre 2014

Lorsqu’on est le premier d’une série d’auteurs sur un manuscrit, ledit manuscrit est comme une balle dans une partie de ping-pong. Une première version est lancée à un autre auteur, revient commentée, est modifiée, relue, etc. (1). Dans un doctorat, l’étudiant dont c’est la thèse écrit souvent l’entièreté du manuscrit, qui passe par la suite sous la loupe de son directeur et d’autres collaborateurs s’il y a lieu.

Dans ce processus, je trouve que beaucoup d’étudiants conservent trop longtemps leur manuscrit pour eux seuls alors qu’ils bénéficieraient d’une relecture plus rapide. Quand arrêter de peaufiner son article? Voici quelques idées pour permettre d’identifier le moment où l’oiseau est prêt à quitter le nid.

Connaissez vos coauteurs

Est-ce que vos coauteurs commentent en détail ou ne font que quelques commentaires généraux? Si vous avez sur votre équipe un coauteur de type réorganisateur, qui propose fréquemment de changer l’ordre des paragraphes et qui remet en question les raisonnements, échangez des versions plus préliminaires avec lui. Complétez votre texte, mais ne passez pas un mois sur un simple paragraphe. Il est fort probable qu’il va le supprimer de toute façon. Si au contraire c’est un commentateur superficiel, il attendra une version plus achevée et c’est ce que vous devez lui fournir.

Lorsque vos coauteurs sont très au courant de votre projet, notamment des choix statistiques et des conclusions que vous tirez, vous devriez leur présenter des versions plus léchées. Ils ont déjà partagé leur opinion et ne seront pas surpris de vos conclusions. Dans le cas contraire, ils pourraient vous demander des modifications substantielles et vous gagnerez à leur donner une version moins achevée de votre travail.

Reconnaissez vos blocages

Quand ça fait un mois que vous travaillez la même introduction, le même paragraphe ou la même phrase, c’est que c’est le temps de passer le flambeau. À travailler sur un seul document, on finit par manquer de recul. On trouve que quelque chose ne fonctionne pas, mais on n’arrive pas à mettre le doigt dessus.

Lorsque vous avez reconnu être bloqués, vous avez plusieurs possibilités :

  • Vous pouvez laisser votre manuscrit dormir une semaine et vous y remettre après.
  • Vous pouvez demander à un ami de le relire et de le commenter.
  • Vous pouvez consulter des blogues sur l’écriture (2) ou des livres (3) pour surmonter le blocage
  • Vous pouvez aussi envoyer votre manuscrit à votre directeur… ça fait partie de son travail de coauteur!

Et voilà! Allez-y, lâchez ce manuscrit surtravaillé!

La semaine prochaine, j’aborderai les introductions parce qu’il faut que j’en réécrive une…

(1) C’est aussi possible de travailler en « wiki », sans s’échanger de versions d’un document. Je vous en reparlerai parce que c’est rapide et efficace, mais ça ne s’applique pas à tous les projets.

(2) Comme @Write4Research que vous pouvez suivre sur twitter. Ou Survivre à son doctorat… parait que c’est ben bon!

(3) Liste non exhaustive:

Silvia, P. J., 2007. How to write a lot: A practical guide to productive academic writing. American Psychological Association

Cargill, M. & O'Connor, P., 2013. Writing scientific research articles: strategy and steps. John Wiley & Sons.

Survivre à sa première session

Publié originalement le 3 septembre 2014

Cette semaine, c’est la rentrée à mon université! Tant de jeunes étudiants au baccalauréat, naïfs et festifs, tant de nouveaux étudiants à la maîtrise et au doctorat, plein d’espoir et naïfs à leur façon. Parce que je me sens inspirée, nous allons discuter de comment partir d’un bon pied ses études de 2e ou 3e cycle.

Tout d’abord, précisons certaines limites, car ce billet ne s’adresse pas à tous. Comme vous l’aurez remarqué, ce blogue en entier s’adresse particulièrement aux étudiants en recherche, peu importe le domaine. Je n’ai aucune expérience sur les maîtrises de cours. De plus, comme pour tous mes trucs, ce sont mes trucs. Ça ne veut pas dire que ça fonctionne pour tous. Méfiez-vous des gens qui connaissent l’unique façon de faire des études graduées!

Au début d’un projet de recherche, beaucoup d’étudiants se lancent dans toutes les directions. Par expérience, je peux dire que ceux qui passent un peu de temps à s’organiser semblent terminer plus vite et plus facilement leur maitrise (1). Et l’organisation débute par s’informer sur les exigences du programme. Combien devez-vous suivre de cours durant votre parcours? Devez-vous remettre une description de votre projet? Si oui, quelle est la date limite et comment est-elle évaluée? Outre les exigences du programme, quelles sont les exigences de votre directeur?

Par la suite, vous pouvez planifier à court terme, c’est-à-dire jusqu’à la présentation de votre projet (écrite ou orale). La plupart des programmes semblent avoir une telle exigence et elle vous aidera à définir vos objectifs, hypothèses et méthodes. Une différence majeure entre le baccalauréat et les études graduées, c’est qu’on remet (généralement) plusieurs fois un travail avant la remise finale. C’est-à-dire qu’un ou des collègues ainsi que le directeur liront les documents écrits au moins une fois avant la remise. Vous devrez améliorer votre travail en fonction de ces commentaires. Ajoutez donc à votre planification ce temps de relecture.

Une autre différence majeure, mais qui varie beaucoup en fonction du directeur d’étude, c’est l’aspect collaboratif de la recherche. Vos hypothèses, méthodes et idées seront le résultat de vos lectures et de votre réflexion, mais également de discussions avec votre directeur. Si votre directeur ne le fait pas, pensez à le (2) rencontrer pour discuter de votre projet. C’est plus difficile de collaborer avec quelqu’un lorsqu’on ne l’a jamais fait que de développer seul ses idées, mais c’est définitivement plus payant. On ne peut pas avoir l’expérience d’un chercheur au début de son parcours académique…

Donc, si on récapitule, vous vous êtes informés des exigences du programme et de celles de votre directeur. Vous avez rencontré votre directeur une première fois pour discuter de votre projet. Par la suite, vous avez planifié le travail pour atteindre les exigences de la première session. Si vous avez à remettre un travail du style présentation de projet, vous avez tenu compte du fait que vous devrez le faire relire. C’est un bon début! Il vous rester à développer des idées et des hypothèses…(bonne chance).

(1)C’est probablement vrai pour le doctorat, mais j’ai eu moins d’observer de début de doctorat.

(2)Bien entendu j’utilise le masculin pour alléger le texte.