Le libre accès en science : quelques faits et opinions

Publié originalement le 12 novembre 2014

Je l’ai annoncé il y a quelque temps, j’ai obtenu une bourse de la bibliothèque de l’Université Laval (merci) pour me rendre à OpenCon 2014 (1). Qu’est-ce qu’OpenCon 2014? Une conférence pour les étudiants et les chercheurs en début de carrière sur le libre accès en science (articles, données et éducation). Grâce aux webcasts OpenCon (2), j’ai déjà appris plusieurs choses sur le sujet. Voici un résumé pour vous éviter d’écouter ces webcasts (3) et mes préoccupations concernant le libre accès. Ça nous permettra de suivre l’évolution de mes idées! Je dois tout de même vous prévenir que je suis très favorable au libre accès, même avant d’assister à la conférence.

Qu’est-ce qu’on entend par libre accès? C’est l’accès gratuit immédiatement après publication avec le droit de réutilisation des articles, des livres scolaires et des données. Un commentaire ici : je n’avais jamais pris connaissance du côté réutilisation. Lorsqu’on applique le libre accès à l’éducation (livre scolaire) ou aux données, ça semble évident. Mais ça s’applique également aux articles scientifiques, notamment lorsqu’on veut extraire de l’information via des systèmes informatiques, comme Watson, cet ordinateur capable de répondre à des questions posées en langage commun (4).

Le libre accès est un mouvement en opposition avec la marchandisation de la production scientifique. Des organismes financent la recherche. Les chercheurs transforment cet argent en données et en articles scientifiques. Ces articles scientifiques sont donnés à des entreprises pour publication. Ces entreprises vendent les articles aux bibliothèques, universités et chercheurs. On achète avec des fonds publics la science produite avec des fonds publics.

Pour plusieurs, la solution est de publier dans des journaux de type libre accès, comme la série des PLOS. Certains facturent alors des frais aux auteurs pour publier l’article, mais les chercheurs de partout dans le monde y ont accès, ce qui peut augmenter la visibilité de sa recherche. Une autre solution est d’archiver ses articles (certaines universités et certains groupes de recherches ont des sites pour ça, 5). Le problème actuel est que beaucoup d’auteurs ne le feront pas tant qu’ils ne seront pas forcés :

What do we want: Open access. When do we want it: Immediately following forthcoming granting agency policy changes to require it.

— Shit Academics Say (@AcademicsSay) 11 Novembre 2014

Selon les tenants du libre accès, en changeant les politiques des universités et des organismes de financement, on inciterait les chercheurs à rendre leur recherche accessible.

La libre éducation vise à ce que les étudiants obtiennent les textes de références nécessaires à leurs études et à ce qu’ils conservent ces textes et puissent les partager. Cela concerne également la possibilité d’accéder à des cours gratuits en ligne. Dans ce webcast, le présentateur indiquait que s’attaquer aux frais de scolarité était trop politique et que le matériel scolaire était très cher. Personnellement, ça ne reflète pas mon expérience. Mes professeurs au baccalauréat ont peu utilisé de livres et je n’ai jamais dépensé plus de 500 $ en matériel pour une session (et ça, c’est le maximum!). Malgré ses résultats mitigés, l’expérience québécoise me dit qu’on peut s’attaquer aux frais de scolarité (6).

Finalement, le libre accès aux données. Par libre accès aux données, on entend de rendre accessible et réutilisable ses données après publication. Comme ça, d’autres chercheurs peuvent réanalyser vos données, les ajouter à d’autres, bref, faire avancer la science. Bien entendu, on exclut de ce partage des données sensibles, par exemple des données sur la distribution d’espèces en danger qui pourraient être braconné. Ce qui semble évident en génétique semble causer plus de remous pour les écologistes comme moi. Je suis en accord avec le concept, mais quand je pense à mes collègues qui réutilisent les bases de données dont certains résultats ont été publiés, j’ai peur. Imaginez commencer un doctorat avec 20 ans de données de colliers satellites sur des animaux et être scoopé par des chercheurs ailleurs dans le monde, avec vos propres données! Je vais donc à OpenCon en grande partie pour en apprendre plus sur le libre accès aux données.

Le résumé que je viens de vous faire est très rapide. Vous pouvez m’adresser vos questions sur ces thématiques via les commentaires ci-dessous ou sur @MissEmilieC. Je serai également active sur Twitter durant mon expérience OpenCon !

J’ai traduit librement certains termes de l’anglais pour ce billet. Pas facile d’écrire en français !

(1) http://www.opencon2014.org/

(2) https://www.youtube.com/watch?v=5YwASIziPIQ, https://www.youtube.com/watch?v=5Dauh_PeAzI, https://www.youtube.com/watch?v=6UUDhVGd8uA

(3) Les webcast sont d’une bonne qualité avec des gens intéressants et je vous les conseille. Mais 4 heures…c’est long !

(4) http://en.wikipedia.org/wiki/Watson_%28computer%29

(5) Vous pouvez consulter les règles d’archivages en fonction du journal où l’article est publié sur ce site : http://www.sherpa.ac.uk/romeo/

(6) http://fr.wikipedia.org/wiki/Gr%C3%A8ve_%C3%A9tudiante_qu%C3%A9b%C3%A9coise_de_2012