Stop ou encore: quand arrêter de peaufiner un manuscrit?

Publié originalement le 16 octobre 2014

Lorsqu’on est le premier d’une série d’auteurs sur un manuscrit, ledit manuscrit est comme une balle dans une partie de ping-pong. Une première version est lancée à un autre auteur, revient commentée, est modifiée, relue, etc. (1). Dans un doctorat, l’étudiant dont c’est la thèse écrit souvent l’entièreté du manuscrit, qui passe par la suite sous la loupe de son directeur et d’autres collaborateurs s’il y a lieu.

Dans ce processus, je trouve que beaucoup d’étudiants conservent trop longtemps leur manuscrit pour eux seuls alors qu’ils bénéficieraient d’une relecture plus rapide. Quand arrêter de peaufiner son article? Voici quelques idées pour permettre d’identifier le moment où l’oiseau est prêt à quitter le nid.

Connaissez vos coauteurs

Est-ce que vos coauteurs commentent en détail ou ne font que quelques commentaires généraux? Si vous avez sur votre équipe un coauteur de type réorganisateur, qui propose fréquemment de changer l’ordre des paragraphes et qui remet en question les raisonnements, échangez des versions plus préliminaires avec lui. Complétez votre texte, mais ne passez pas un mois sur un simple paragraphe. Il est fort probable qu’il va le supprimer de toute façon. Si au contraire c’est un commentateur superficiel, il attendra une version plus achevée et c’est ce que vous devez lui fournir.

Lorsque vos coauteurs sont très au courant de votre projet, notamment des choix statistiques et des conclusions que vous tirez, vous devriez leur présenter des versions plus léchées. Ils ont déjà partagé leur opinion et ne seront pas surpris de vos conclusions. Dans le cas contraire, ils pourraient vous demander des modifications substantielles et vous gagnerez à leur donner une version moins achevée de votre travail.

Reconnaissez vos blocages

Quand ça fait un mois que vous travaillez la même introduction, le même paragraphe ou la même phrase, c’est que c’est le temps de passer le flambeau. À travailler sur un seul document, on finit par manquer de recul. On trouve que quelque chose ne fonctionne pas, mais on n’arrive pas à mettre le doigt dessus.

Lorsque vous avez reconnu être bloqués, vous avez plusieurs possibilités :

  • Vous pouvez laisser votre manuscrit dormir une semaine et vous y remettre après.
  • Vous pouvez demander à un ami de le relire et de le commenter.
  • Vous pouvez consulter des blogues sur l’écriture (2) ou des livres (3) pour surmonter le blocage
  • Vous pouvez aussi envoyer votre manuscrit à votre directeur… ça fait partie de son travail de coauteur!

Et voilà! Allez-y, lâchez ce manuscrit surtravaillé!

La semaine prochaine, j’aborderai les introductions parce qu’il faut que j’en réécrive une…

(1) C’est aussi possible de travailler en « wiki », sans s’échanger de versions d’un document. Je vous en reparlerai parce que c’est rapide et efficace, mais ça ne s’applique pas à tous les projets.

(2) Comme @Write4Research que vous pouvez suivre sur twitter. Ou Survivre à son doctorat… parait que c’est ben bon!

(3) Liste non exhaustive:

Silvia, P. J., 2007. How to write a lot: A practical guide to productive academic writing. American Psychological Association

Cargill, M. & O'Connor, P., 2013. Writing scientific research articles: strategy and steps. John Wiley & Sons.