Après le doctorat, que ferai-je?

Dernièrement, je vous ai parlé du point d’orgue du doctorat, la soutenance de la thèse. Ça m’a rappelé qu’il y a une certaine confusion autour de la finalité. Bien des membres de ma famille et de mes amis avaient (ont?) l’idée que je serai un jour professeure d’université.

Hum. Comment vous dire ça? Non, je ne serai pas professeure.

Qu’est-ce que ça prend pour être un professeur de biologie universitaire?

Des postdoctorats, de la détermination et de la chance. Le milieu actuel est saturé et les professeurs d’université ne partent pratiquement jamais à la retraite! Lorsqu’un poste est annoncé, il faut avoir un dossier compétitif, normalement avec beaucoup de publications scientifiques. Pour réussir cela, il n’y a pas 36 millions de façons. Les postes de chercheurs postdoctoraux sont en fait des postes de chercheurs sous la supervision d’un autre chercheur. Habituellement, ces postes permettent de développer ses capacités comme chercheur.

Ben, fait en un, postdoctorat!

Idéalement, il faudrait que je le fasse à l’étranger, histoire de développer mon réseau, mes connaissances, etc. Et je n’ai pas envie de m’expatrier. J’ai un immense respect pour ceux qui le font, mais mes priorités sont ailleurs. Je pourrais toujours effectuer un postdoctorat sans déménager ou en restant à proximité, mais c’est sûr que ça se répercute sur la qualité de mon CV lorsqu’un rare poste de professeur sera annoncé. C’est sûr qu’être une femme est un avantage parce que les départements de biologie du Québec et d'ailleurs sont encore un boys club et doivent engager plus de femmes dans les prochaines années (1), mais il faut quand même avoir un excellent dossier!

En plus, décider d’être professeur-chercheur, c’est gros! La conciliation travail-famille reste médiocre dans le domaine. En plus, le milieu est compétitif. Sans fermer complètement la porte, je ne me sens pas très attirée. Bientôt, le milieu devra changer pour retenir les jeunes qui n’accepteront plus ces conditions de travail (j’espère). Je sais, je sais, intégrer le système peut aider à amener les changements. Mais on choisit tous ses combats…

OK, donc que feras-tu après ton doctorat?

…Je peux répondre à ça un autre jour ?

(1) Un de ces jours, je sortirai des statistiques. C’est gênant.

2016, bien entendu

Les gens qui bloguent parlent de l’année passée et de celle qui commence, c’est bien connu. Le blogue est une version moderne du journal intime, publié de notre vivant. Il incite donc à l’introspection, au partage des objectifs et des espoirs. Tout ce blabla pour vous dire que je n’échapperai pas à la tendance.

2016 commence à peine, et je dois avouer ressentir un peu de peur, car cette année, la quatrième de mon doctorat, il faut que je termine. Ne vous attendez pas à une soutenance, point final de la thèse, à l’automne ! Non, j’espère faire mon dépôt initial juste avant Noël 2016 ou alors au retour des fêtes. Bref, le diplôme pour 2017, mais la majorité du travail cette année. C’est un objectif ambitieux. Il me reste 4 chapitres à compléter à différents niveaux : un est très avancé, un autre nécessite un peu de réflexion, mais beaucoup de travail est fait, le troisième a surtout besoin d’écriture et de fignoler les analyses. Le quatrième ? Pas encore commencé. Et là-dessus, on rajoute un cours, une tâche d’auxiliaire d’enseignement et les divers projets personnels.

Mon objectif numéro un sera donc… de continuer à m’amuser. De retrouver le plaisir à travailler sur mon doctorat. Et je vous souhaite la même chose.

J’ai également des objectifs concrets, car un objectif flou est dur à atteindre. Pour vous inspirer (et pour me les rappeler) :

  • Continuer à lire un minimum d’un article par jour de travail. Certaines personnes se donnent l’objectif 365 articles pour 2016 (voir #365papers sur Twitter). Hors de question de lire des articles la fin de semaine !
  • Continuer mon implication dans OOOCanada. La traduction du site web avance lentement, mais elle avance !
  • Réserver 1 heure par semaine à l’écriture de mon introduction et de ma conclusion générale de thèse. Ça va aider pour le dépôt initial !

Bonne année !

Ton doctorat, il vaut quoi à l'étranger ?

Depuis mon arrivée aux pays des kangourous, je pose des questions et j'observe. J'aime particulièrement observer les ressemblances (il y en a beaucoup) et les différences entre ici et mon chez-moi. Un des sujets qui suscite le plus mon intérêt est la différence entre les doctorats en biologie: le temps requis, les exigences, le financement...

Voici le résultat de mes observations jusqu'à ce jour:

Durée

  • Amérique du Nord: Indéterminée. Ça finit quand tu as terminé ta recherche ou (et c'est plus fréquent) quand tu n'as plus de financement. En général, ça tourne autour de 5 ans selon mon expérience.
  • Australie (et France): 3 ans. Tu peux obtenir une extension, mais c'est mal vu.

Financement

  • Canada/Québec: Bourses de recherche et financement par le directeur de recherche.
  • Australie: je me trouve dans un centre de recherche, où les bourses sont administrées par le centre. Le truc que je trouve le plus intéressant, c'est que les étudiants ont un certain montant à eux qu'ils peuvent utiliser pour des expériences. Et un autre montant pour la durée de leurs études pour assister à des conférences.

Exigences

  • Je parle ici en terme de publications dans des journaux scientifiques. Jusqu'à présent, elles semblent être relativement les mêmes, ce qui me semble à moi un peu ridicule étant donné la différence de temps consacrés au doctorat. J'ai toutefois l'impression que les exigences en nombre d'articles publiés sont un peu plus basses en Australie. Il faut dire aussi que peu de gens font une maitrise et donc peu d'étudiants commencent un doctorat avec des publications. Ils font plutôt un projet de recherche durant leurs études de baccalauréat (Honours).
  • Le truc le plus surprenant: pas de soutenance ! Ce rituel, qui marque la fin des doctorats en Amérique du Nord et en Europe (pour ce que j'en sais), consiste à défendre son travail oralement devant des experts. Et bien, pas de soutenance en Australie. Ça me semble un peu plate, c'est comme s'il manquait la cerise sur le gâteau. Bon, mes amis qui ont soutenu vont me dire qu'ils ne voulaient pas de cerise, mais je trouve que la soutenance est un bel évènement.

Pourquoi devriez-vous vous informer de ces différences?

Si vous envisagez une carrière internationale, un post-doctorat ou un doctorat à l'étranger, il faut être conscient de ces différences. Dire que vous avez terminé votre doctorat en 5 ans peut être une fierté au Québec, mais ça ne sera pas nécessairement bien vu ailleurs. Dans la majorité des cas, les chercheurs connaissent ces différences, mais je ne me fie personnellement pas à ce que les gens sont supposés savoir.

Mon observation du milieu académique australien continue ! Si vous connaissez d'autres différences entre les doctorats, au Québec, en Australie et ailleurs, j'aimerais beaucoup que vous les partagiez dans les commentaires.

Comment j’ai trouvé un stage doctoral en Australie

Le moral est bas cette semaine, car mes analyses sont plus compliquées que prévu. Je vais donc me remonter le moral en parlant de quelque chose qui me motive! Et ce qui me motive est tellement excitant : mon stage prochain en Australie!!! En effet, d’août à septembre prochain, j’irai travailler sur l’un de mes chapitres de doctorat à l’Université de Western Sydney.

FreeDigitalPhotos.net

Sydney! (FreeDigitalPhotos.net)

À chaque fois que j’apprenais la nouvelle à des collègues, amis ou parents, la même question était posée : « Tu vas étudier les kangourous? » Au risque de vous décevoir, non. En fait, je vais analyser des données prises à l’ile d’Anticosti avec un expert de l’écologie chimique, dans un institut avec des experts en écologie spatiale. Bref, je vais chercher des conseils d’experts dans des domaines que mon laboratoire connait moins. En prime, je vais découvrir comment se fait la recherche ailleurs dans le monde, faire de nouveaux contacts, être en Australie (héhé)…

Emilie, moi aussi je veux faire un stage doctoral super cool. Comment fait-on?

Voici comment j’ai procédé :

1.       Trouver un sujet pertinent

J’ai toujours su que je voulais faire un stage doctoral, principalement parce que j’ai fait toute ma scolarité à une seule université et ce n’est pas toujours bien vu dans le milieu académique. Une fois ma thèse démarrée, j’ai essayé d’identifier la section sur laquelle j’aurai besoin d’aide. Dans mon cas, j’avais déjà des sueurs froides en pensant à comment j’aller intégrer la composition chimique des arbres dans mes analyses.

2.       Trouver un milieu pour étudier ce sujet

De tous les articles que j’ai lus pour développer mon projet, un seul intégrait la composition chimique à mes autres thèmes de recherche. Et cette étude le faisait de façon originale et intéressante! J’ai donc googlé (évidemment) les auteurs de cette étude et regardé s’ils étaient vivants (1) et leurs projets actuels. Bref, j’ai identifié un directeur de stage potentiel.

3.       Prendre contact

Une fois le directeur de stage potentiel identifié, j’ai pris contact. Avec l’aide de mes directeurs et d’un postdoctorant du laboratoire, j’ai rédigé un courriel pour indiquer ce que je voulais. Je me suis d’abord présentée, expliquant mon projet de doctorat et mes intérêts en recherche. Par la suite, j’ai expliqué ce que je voulais, soit venir dans son laboratoire pour analyser mes données de façon similaire à ce qu’il avait fait dans l’article qui m’a inspirée. J’ai ajouté à ce premier courriel mon CV, pour mieux démontrer mes compétences et le sérieux de ma candidature. Les chercheurs reçoivent fréquemment des demandes de stage, d’emploi, etc., et ils filtrent rapidement les courriels. La prise de contact est donc une étape importante. J’ai bien précisé que j’étais admissible à des bourses pour couvrir mon stage et qu’un article scientifique devrait être le résultat de cette collaboration.

4.       Persévérer

Dans mon cas, le premier contact s’est bien passé, mais ça a quand même pris plusieurs mois, courriels et rencontre Skype pour arriver à un accord. Bref, il faut persévérer, mais aussi savoir abandonner si le chercheur n’est pas intéressé ou si ce qu’il vous offre comme encadrement ne convient pas.

5.       La course aux bourses

Une fois le stage obtenu, il faut trouver l’argent pour s’y rendre! Je ne détaillerai pas toutes les options possibles, mais je suggère de s’informer des possibilités à votre université et auprès de votre directeur.

J’ai hâte de vous écrire de là-bas!

(1) Mon expérience dans le milieu de la recherche m’a appris que les auteurs sont souvent morts ou disparus de l’Internet.