Prendre le thé entre collègues

Jeudi dernier, j’ai donné un séminaire à l’Australian National University, à Canberra. Je commence à me sentir comme une «vraie» chercheuse (1). J’ai passé la journée avec des étudiantes (2) du laboratoire de William Foley, et j’ai collaboré aux travaux de terrain en allant récolter de la nourriture pour des opossums en captivité. Ils font différents tests d’alimentation avec des opossums sauvages, qui seront remis en liberté après quelques semaines de travail pour la science. Des opossums, c’est beaucoup trop cute!

Opossum d'Australie qui attend son souper

On coupe des branches d'une espèce spécifique d'Eucalyptus pour nourrir une autre espèce d'opossum, le possum à queue en anneau.

Par contre, ce que je retiendrai le plus de mon passage, c’est le thé départemental. Une fois par mois, tout le département (chercheurs, postdocs et étudiants) se retrouve pour partager un thé/café avec une collation composée de gâteaux, biscuits, craquelins… Et ça marche! Les gens sont au rendez-vous, discutent… Chaque chercheur responsable d’un laboratoire est chargé d’amener quelque chose à manger.

Il y a quelques mois, j’ai participé à une rencontre informelle visant à trouver des idées pour rapprocher les chercheurs et étudiants au département. J’aimerais tant importer cette belle idée à mon université! Une fois par mois, ce n’est pas beaucoup. Et avec de la nourriture gratuite, on pourrait s’attendre à une participation intéressante chez les étudiants. Bref, c’est à creuser!

(1) Ce sentiment est plus important que mon sentiment d’être adulte. Je ne sais pas si je serai un jour adulte.

(2) Un merci particulier à Jessie Au, Karen Ford, Pips et Anna !

Ton doctorat, il vaut quoi à l'étranger ?

Depuis mon arrivée aux pays des kangourous, je pose des questions et j'observe. J'aime particulièrement observer les ressemblances (il y en a beaucoup) et les différences entre ici et mon chez-moi. Un des sujets qui suscite le plus mon intérêt est la différence entre les doctorats en biologie: le temps requis, les exigences, le financement...

Voici le résultat de mes observations jusqu'à ce jour:

Durée

  • Amérique du Nord: Indéterminée. Ça finit quand tu as terminé ta recherche ou (et c'est plus fréquent) quand tu n'as plus de financement. En général, ça tourne autour de 5 ans selon mon expérience.
  • Australie (et France): 3 ans. Tu peux obtenir une extension, mais c'est mal vu.

Financement

  • Canada/Québec: Bourses de recherche et financement par le directeur de recherche.
  • Australie: je me trouve dans un centre de recherche, où les bourses sont administrées par le centre. Le truc que je trouve le plus intéressant, c'est que les étudiants ont un certain montant à eux qu'ils peuvent utiliser pour des expériences. Et un autre montant pour la durée de leurs études pour assister à des conférences.

Exigences

  • Je parle ici en terme de publications dans des journaux scientifiques. Jusqu'à présent, elles semblent être relativement les mêmes, ce qui me semble à moi un peu ridicule étant donné la différence de temps consacrés au doctorat. J'ai toutefois l'impression que les exigences en nombre d'articles publiés sont un peu plus basses en Australie. Il faut dire aussi que peu de gens font une maitrise et donc peu d'étudiants commencent un doctorat avec des publications. Ils font plutôt un projet de recherche durant leurs études de baccalauréat (Honours).
  • Le truc le plus surprenant: pas de soutenance ! Ce rituel, qui marque la fin des doctorats en Amérique du Nord et en Europe (pour ce que j'en sais), consiste à défendre son travail oralement devant des experts. Et bien, pas de soutenance en Australie. Ça me semble un peu plate, c'est comme s'il manquait la cerise sur le gâteau. Bon, mes amis qui ont soutenu vont me dire qu'ils ne voulaient pas de cerise, mais je trouve que la soutenance est un bel évènement.

Pourquoi devriez-vous vous informer de ces différences?

Si vous envisagez une carrière internationale, un post-doctorat ou un doctorat à l'étranger, il faut être conscient de ces différences. Dire que vous avez terminé votre doctorat en 5 ans peut être une fierté au Québec, mais ça ne sera pas nécessairement bien vu ailleurs. Dans la majorité des cas, les chercheurs connaissent ces différences, mais je ne me fie personnellement pas à ce que les gens sont supposés savoir.

Mon observation du milieu académique australien continue ! Si vous connaissez d'autres différences entre les doctorats, au Québec, en Australie et ailleurs, j'aimerais beaucoup que vous les partagiez dans les commentaires.