Ça va bien aller : un message pour les étudiants au bac, à la maîtrise et au doctorat

J’ai cessé d’écrire sur mon blogue il y a plusieurs mois, par manque de temps et de sujets. Contrairement à certains chroniqueurs de journaux populaires québécois, je considère que mes opinions proviennent d’une source tarissable. De plus, j’ai réalisé la portée limitée de mes conseils. Je suis une personne extrêmement privilégiée et ma réalité n’est pas directement transposable. Je me dois d’être prudente dans mes propos. Avec l’âge, j’ai intégré l’empathie et l’ouverture à ma vie.

Alors, pourquoi écrire alors que tout le monde et son chat surchargent les ondes numériques ? Certainement pas parce que je manque de travail. En décembre, j’ai décidé d’accepter une charge de cours pour la session d’hiver. C’est un défi que j’ai toujours voulu réaliser et j’ai sauté sur l’occasion. Depuis la fermeture de l’Université, ma priorité numéro 1 a été d’adapter mon cours et de rassurer mes étudiants. Enseigner les statistiques à un grand groupe (>150) lors d’une crise mondiale sera certainement ma plus grande réussite professionnelle pour de nombreuses années. Je continue également à travailler sur mes différents projets de recherche, lorsque mon cerveau est disponible.

Si j’ai décidé de reprendre la plume virtuelle, c’est pour tous ces étudiants que je côtoie et qui, malgré les paroles rassurantes, voient la crise actuelle comme un frein dans leur plan de carrière. Je suis une personne foncièrement optimiste et je voulais vous transmettre un peu de cette vision.

À ces étudiants au baccalauréat qui ont peur des sessions écourtées et virtuelles, nous avons vu pire. Notre système d’éducation s’est remis d’arrêt de service plus long, lors de grèves. Même si le contenu des cours est réduit et modifié, votre baccalauréat ne sera pas moins valable. Vous vous en sortirez.

À ceux dont les obligations familiales ou les problèmes d’accès et de santé nuisent à la poursuite des cours, nous sommes là pour vous épauler. Les directives universitaires [1] sont claires. La flexibilité et l’empathie sont au cœur des décisions. Et si vous devez prendre une pause dans votre parcours, ce sera certainement pour en revenir plus fort. Je vous admire et j’aimerais tant vous aider.

Aux étudiants gradués qui voient leurs expériences ou leur saison de terrain compromises, n’ayez crainte, vous serez en mesure de poursuivre vos recherches. Vous apprendrez à faire des changements de plan, à évaluer d’autres possibilités, à faire de la recherche autrement. Oui, il est fort possible que vos projets changent, mais vous en sortirez avec des compétences essentielles. Vous pourrez terminer vos études. Ce ne sera pas facile, mais je sais que vous pouvez le faire. N’hésitez pas à chercher de l’aide.

Dans ce grand mouvement de plaque tectonique, on sent le sol en déplacement sous nos pieds. Quand le mouvement s’atténuera, le milieu académique aura changé. Je crois que la secousse nous permettra d’effectuer la transition demandée de plusieurs années, soit de passer d’un système axé sur la performance vers un système axé sur les humains. Après la pluie, le beau temps…

[1] Du moins pour l’Université Laval