Lost in translation

Je crois fermement qu’il est essentiel de faire de la science dans des langues autres que l’anglais, pour garder le contact avec le public, pour stimuler la curiosité, pour garder la science accessible. Si vous n’êtes pas dans le domaine, ça peut sembler aller de soi, mais sachez que la littérature scientifique est majoritairement en anglais (1) et le vocabulaire technique aussi. Parfois, je me rends compte que j’utilise un mot qui n’existe pas réellement. J’effectue sans le savoir une traduction et je participe, peut-être à l’évolution de la langue… Voici quelques-uns de ces mots, avec leur définition emilienne.

Herbivorie : le mot herbivore existe sauf que je ne veux pas désigner un animal, mais le régime alimentaire. Un exemple d’utilisation? « L’herbivorie peut modifier la structure, la composition et le fonctionnement des communautés végétales. » Bon, ce néologisme n’est peut-être pas très seyant… mais c’est parfois pratique !

Exclos : un enclos dont on exclut les herbivores. Mais vous savez déjà tout ça.

Conspécifique : un individu de la même espèce. « Cette plante est entourée de conspécifiques ». En opposition à des individus hétérospécifiques.  

Certains mots ne font pas partie du vocabulaire courant et sont inconnus de mon logiciel de correction, mais peuvent être trouvés sur le site de l’Office québécois de la langue française.

Palatabilité : même en anglais, les chercheurs ne s’entendent pas sur la définition de palatabilité. C’est, plus ou moins, la sensation agréable provoquée par un aliment.

Broutement : consommation de plantes ligneuses, arbre et arbuste. Notons que les Français utilisent le mot abroutissement. Pour des raisons évidentes, je refuse d’utiliser ce mot. (2)

Intraspécifique : dans une même espèce. En opposition à hétérospécifique. Je parle par exemple de variabilité intraspécifique versus interspécifique.

Des fois, je fais simplement des erreurs. Comme inventer le mot synthétisation alors que je parle de synthèse…

(1) Non, ça n’a pas toujours été le cas ! Je vous suggère cet excellent article pour en savoir plus : https://www.theatlantic.com/science/archive/2015/08/english-universal-language-science-research/400919/

(2) Ça sonne tellement comme abruti.