Quand écologie rime avec économie

Je n’éprouve pas un grand intérêt pour la science économique. Pour moi, elle est aride et ennuyeuse (1). Pourtant, certains des plus grands articles en écologie sont fortement liés à l’économie. Pensons à la tragédie des biens communs, où Garret Hardin, écologiste [1], nous prévient des dangers de la surpopulation.

Dans mon doctorat, je m’intéresse (marginalement) à la théorie de l’approvisionnement optimal. Cette théorie, élaborée dans les années 60, ou plutôt formalisée dans les années 60 et 70, tente de décrire le comportement d’alimentation des animaux. En gros, l’idée est que les animaux font des choix qui maximisent l’acquisition de l’énergie. Et voilà où des modèles économiques sont entrés en jeu, par la maximisation. En se basant sur cette supposition de maximisation, on peut faire plusieurs prédictions concernant ce que les animaux vont manger, où ils vont chercher leurs proies, le temps passé dans chaque lieu d’alimentation, etc.

Par exemple (et c’est ce qui m’intéresse), ce qu’ils vont et ne vont pas manger. Selon l’approvisionnement optimal, chaque espèce de proies (des animaux ou des plantes) possède une valeur en énergie pour son consommateur. On peut classer les proies en fonction de cette valeur. Si l’alimentation est optimale, les animaux vont consommer les proies avec une plus grande valeur. Si l’abondance d’une proie de plus grande valeur augmente, les proies de moindre valeur seront moins consommées.

On sait maintenant que les comportements d’alimentation sont plus compliqués que ça. Pensez aux préférences. Vous alimentez-vous en fonction de la valeur nutritive d’un aliment ou en fonction de ce que vous préférez ? Certains composés chimiques ont un effet attractif ou répulsif pour les consommateurs. De plus, certains animaux ne maximisent pas l’acquisition de l’énergie. Ils peuvent, par exemple, minimiser le temps passé à s’alimenter ou encore, maximiser autre chose, comme la présence de certains nutriments. Ce ne sont que quelques-uns des facteurs qui font diverger l’alimentation des animaux d’une alimentation optimale.

C’était un résumé très très court de cette théorie. Pour ceux intéressés à son origine, quelques références classiques (qui ne tiennent pas compte de l’application actuelle !) :

Charnov, E. L. 1976. Optimal foraging, the marginal value theorem. Theoretical Population Biology 9: 129–136.

MacArthur, R. H. et E. R. Pianka. 1966. On optimal use of a patchy environment. American Naturalist 100: 603–609.

Pyke, G. H., H. R. Pulliam et E. L. Charnov. 1977. Optimal foraging: a selective review of theory and tests. Quarterly Review of Biology 52: 137–154.

[1] Hardin, G. 2009. The Tragedy of the Commons. Journal of Natural Resources Policy Research 1.3: 243–253.

(1) Désolée, François.