Le cerf qui a mangé l’ours

*Je vous ai négligé récemment, mais c’était pour une bonne cause. La semaine passée, j’ai effectué (avec succès) mon séminaire, soit une présentation de 40-50 minutes qui est la dernière étape avant le dépôt initial et la soutenance de ma thèse. Un petit billet avant le congé des fêtes et après je serai de retour en force ! *


Aujourd’hui, je vous offre une version très condensée d’un article publié il y a plusieurs années dans le cadre de la Chaire de recherche industrielle CRSNG en aménagement intégré des ressources de l’île d’Anticosti. Cet article est disponible en français pour les intéressés (1).

Saviez-vous que l’île d’Anticosti était autrefois reconnue pour sa population abondante d’ours noir, notamment par les Premières Nations ? Et saviez-vous que le dernier ours aperçu à Anticosti a été vu en 1998 ? Aussi étonnant que cela puisse sembler, ce sont les fortes populations de cerf de Virginie qui aurait entrainé la disparition des ours à l’île. Comment ?

Une chasse à l'ours fructueuse pour Henri Menier, propriétaire de l'île à l'époque.

Pour hiberner, les ours doivent se faire de grandes réserves corporelles et donc, manger beaucoup. Bien qu’ils soient omnivores, ils ne sont pas adaptés à la consommation de grandes quantités de feuillage. Ce sont plutôt les petits fruits qui leur permettent de générer ces réserves. Or, ces petits fruits poussent sur des arbustes, prisés des cerfs. Au fur et à mesure de l’augmentation du nombre de cerfs à l’île, l’abondance de ces arbustes a diminué. Sans petits fruits, pas de nourriture suffisante pour l’ours !

Bien entendu, ce n’est qu’une hypothèse, mais très plausible, car les impacts directs des humains sur les ours (coupe forestière, chasse) ne pouvaient toucher qu’une infime partie de la population d’ours.

Est-ce que les ours auraient pu s’alimenter de cerf ? La chair animale, c’est beaucoup plus digestible… en fait, les ours ne s’attaquent pas aux cerfs adultes. Plus précisément, qu’aux faons. Après 1 à 2 mois de vie, les cerfs échapperaient donc totalement aux ours.

Anticosti nous fournit encore une fois une histoire unique, soit celle des cerfs qui auraient annihilé les ours.

(1) Côté, S. D. et S. de Bellefeuille. 2006. Disparition de la population d’ours noirs de l’île d’Anticosti : le cerf de Virginie serait-il coupable ? Le Naturaliste canadien 130 : 51-55.