Digérer comme un cerf, grâce à une vache
Vous vous demandez peut-être pourquoi j’ai l’air à la fois heureuse et dégoutée, à côté d’une vache. Et surtout pourquoi cette vache a-t-elle un « hublot » sur le flanc? Commençons depuis le début. Dans mon projet, je veux évaluer la qualité nutritive de certaines plantes, dans le but de voir comment la qualité modifie la sélection de la ressource par le cerf de Virginie. Une des mesures permettant de qualifier la qualité d’une plante est sa digestibilité : la proportion de la plante qui est digérée par l’animal et qui n’est pas rejetée directement dans les fèces.
Les cerfs ont « plusieurs » estomacs et une grande partie de la digestion des végétaux est effectuée par des bactéries à l’intérieur du rumen, un de ces estomacs. En reproduisant cette digestion bactérienne, il est possible de mesurer la digestibilité. Plus la matière est digestible, plus c’est une bonne ressource alimentaire pour le cerf.
Pour réussir cette expérience à la maison, vous aurez besoin de :
- Plantes
- Liqueur ruminale : le mélange bactérien se trouvant dans le rumen
- Rumen artificiel : une machine qui agite la liqueur et le conserve à une température de 390C
- Un cœur bien accroché, car ça ne sent pas très bon
Il y a par contre quelques difficultés à effectuer cette manipulation. La liqueur ruminale doit être frais, utilisé le plus rapidement possible après sa sortie de l’animal, et ne doit pas être en contact avec l’oxygène; sinon, les bactéries effectuant la digestion vont mourir! Il est assez difficile d’obtenir de la liqueur ruminale de cerf, bien que mon ami Michaël soit un pro en la matière. Une technique relativement plus facile est de faire affaire avec un centre de recherche qui possède des vaches fistulées. Ces vaches sont équipées d’une canule (un «hublot») qui permet d’accéder à l’intérieur de son rumen et de récupérer de la liqueur ruminale, sans douleur pour l’animal. Vous pouvez en apprendre plus sur les vaches fistulées via cette courte capsule de l’émission Génial!.
Grâce au Centre de recherche en sciences animales de Deschambault, je peux donc comparer la digestibilité de mes échantillons de plante! C’est certain qu’il y a des différences entre les bactéries du cerf et celles de la vache, mais c’est tout de même une bonne approximation. Le sujet d’aujourd’hui était relativement complexe, n’hésitez pas à me poser des questions dans les commentaires !