Des pages et des pages

Lorsque je me prépare à partir en congrès ou en voyage, je fais face à une question critique : combien de livres dois-je amener? Plusieurs variables sont à considérer : l’intérêt et le nombre de pages restantes de ma/mes lecture(s) en cours, la place disponible dans mes bagages, les autres livres que j’ai envie de lire, la possibilité d’acheter un livre à destination…[1]. Je ne suis pas la seule à vivre ce dilemme, mais la lecture de fiction n’est pas si répandue parmi les scientifiques (selon mon pifomètre).

Plusieurs amis et collègues étudiants m’ont déjà avoué ne plus lire, depuis leurs études universitaires. Manque de temps, fatigue due à la lecture pour les études et le travail…toutes les raisons sont possibles. Ce que vous faites de votre temps libre vous appartient et ce temps n’étant pas illimité, c’est normal de couper quelque part! Mais je me demande l’impact que ce choix peut avoir sur certaines compétences scientifiques. Deux aspects m’intriguent particulièrement : la capacité à lire et à écrire des articles scientifiques et les habiletés de présentateur [2].

C’est en partie Stephen Heard, en visite à l’Université Laval, qui a initié ma réflexion [3]. Pour améliorer son écriture scientifique, il suggérait de lire...de tout! Stephen faisait cette suggestion avec un peu de gêne, notant que lorsque notre langue maternelle n’est pas l’anglais, c’est un poids supplémentaire que de lire en anglais dans ses loisirs. Ça devient un autre « il faut », une autre chose à faire dans une liste qui ne finit pas de s’allonger, qui nous mène à la fatigue et à la déprime.

Mais la lecture, qu’elle soit en français ou en anglais, peut aider le moral. C’est un moment de relaxation, une activité qui permet de décrocher. Je suis profondément convaincu que les gens qui n’aiment pas lire n’ont pas encore fait la bonne rencontre. La rencontre avec un auteur, un personnage ou une histoire qui lui parle. Ce n’est probablement pas un argument convaincant pour toi, lecteur qui ne lis plus de fiction depuis tes cours des littérature au Cégep.

Aujourd’hui, cher lecteur de billets de blogue courts, je te suggères d’essayer quand même, et de renouer avec le livre. Peut-être un livre pour enfant ou un roman graphique? Ou encore, pour la première fois de ta vie, lire un poème sans chercher à savoir ce que le poète a voulu dire? [4] Alors un essai, qui te donnera envie de lire? [5]

Et pourquoi pas te laisser conseiller, par ton libraire ou ton bibliothécaire?

[1] Oui, j’ai une liseuse, mais je lis aussi encore sur papier! Si vous avez envie, vous pouvez devenir mon ami Goodreads, pour que l’on se partage des lectures…

[2] Je ne développerai pas ce point aujourd’hui, mais une présentation orale, c’est un peu comme raconter une histoire. Et on manque cruellement de bons raconteurs dans le milieu académique.

[3] Son blogue est excellent

[4] Cette idée me vient directement de David Goudreault, dans un spectacle.

[5] https://www.goodreads.com/book/show/81032.Comme_un_roman