Que peut-on montrer? L'écologie à l'ère des réseaux sociaux

Dire qu’on est biologiste, ça passe pratiquement toujours bien. Les « non-biologistes » sont, en général, intéressés par la nature, les animaux, les fleurs et les abeilles. Et plusieurs écologistes partagent de jolies photos des animaux qu’ils étudient, des lieux qu’ils visitent.

Mais la biologie et en particulier l’écologie, ce n’est pas toujours propre. On ramasse des fèces, synonyme racé pour désigner de la merde, dans tellement de projets. On abat volontairement ou accidentellement des animaux et on récolte des parties de carcasses (1). Les laboratoires de biologie puent, littéralement.

J’ai un ami dont le projet de maîtrise consistait à mesurer les différentes sections du système digestif des cerfs de Virginie. Je vous laisse imaginer.

Le sujet de mon billet d’aujourd’hui est justement la question suivante : doit-on laisser les activités scientifiques à la merci de l’imagination du grand public ? Les départements de biologie sont parfois frileux sur les photos et les vidéos que peuvent partager les chercheurs et étudiants-chercheurs. La crainte est souvent les groupes de protection des animaux, qui semblent ignorer le processus complexe d’autorisation derrière les projets scientifiques. Pour moi, c’est simple : comment protéger ce qu’on ne connait pas ? Et pour avoir rempli des demandes de certificat de bons soins, je sais que l’évaluation des demandes est rigoureuse et est faite par un comité qui n’est pas que constitué de scientifiques.

Certaines personnes ou institutions osent. C’est le cas d’un programme de recherche sur les cerfs :

C’est aussi le cas du Field Museum, où Emily Graslie (2) du Brain Scoop nous montre toutes sortes de choses. L’autre jour, j’ai écouté une dissection de castor en direct.

J’aimerais qu’on soit moins frileux ici et qu’on fasse plus confiance à l’intelligence du public. J’ai l’impression qu’en cachant une partie de nos activités, on donne un chèque en blanc aux groupes qui les dénoncent, car ce qui se déroule derrière des portes closes est souvent douteux.

(1)   Avant de vous indigner, rappelons que les scientifiques sont astreints à l’obtention d’un certificat de bons soins et que tous les projets sont évalués par un comité éthique. Je ne connais pas de biologistes qui tuent un animal pour le plaisir.

(2)   Je l’adore. Je veux être Emily Graslie quand je serai grande, même si elle est plus jeune que moi.